Newsletter #20

Face aux extrêmes, agir plutôt que subir.

Les Voies
5 min ⋅ 03/02/2025

Deux fois par mois, le mouvement Les Voies revient sur les événements qui font l’actualité à travers le continent européen.

Edito de la Présidente des Voies

Chers membres des Voies, chers amis, 

Je vous le dis tel que je le pense, se souvenir ne suffit pas. L’histoire éclaire certes notre présent, mais elle ne peut agir à notre place. Cette semaine, alors que l’Europe se recueille à Auschwitz, la montée des extrêmes, elle, ne faiblit pas. L’AfD tisse sa toile en Allemagne, Robert Fico défie la démocratie en Slovaquie, et l’idée même d’un cordon sanitaire vacille en Autriche. Alors que fait-on ?

On agit. On s’organise. Empêcher les extrêmes d’accéder au pouvoir ne se résume pas à s’indigner. Il ne suffit pas qu’elle échoue, encore faut-il qu’elle perde – et durablement. Cela passe par une ligne politique claire, qui ne cède ni à la peur, ni à la surenchère. Par des coalitions de raison qui ne soient pas des alliances de circonstance. Par un travail patient, sur le terrain et dans les esprits, pour prouver qu’il existe un autre horizon que la régression et le repli.

Les mouvements citoyens, les mobilisations populaires en Allemagne et en Slovaquie en sont la preuve, les digues tiennent si nous sommes là pour les construire. L’Europe ne peut se réduire à une unique lutte pour la compétitivité, elle doit rester une promesse de progrès et de justice. C’est à cette condition que nous pourrons faire reculer ceux qui veulent la démanteler.

C’est dans cet esprit que nous avons pensé cette nouvelle édition de notre newsletter Les Voies. Parce que l’histoire ne s’écrit pas seulement avec les commémorations, mais avec l’engagement.

Merci d’être à nos côtés.

Amandine Rogeon

Du côté de Bruxelles

L’Europe en quête de cap. La Commission européenne a présenté cette semaine sa « Boussole pour la compétitivité », un plan ambitieux (sur le papier) visant à redynamiser l’économie de notre continent face aux géants que sont la Chine, les États-Unis et la Russie. Ce document, aux contours larges, marque un infléchissement en faveur des entreprises, quitte à assouplir certaines normes et responsabilités sociales et environnementales. Fait intéressant, la Commission élargit son champ d’action en pointant du doigt l’urgence d’un renforcement des compétences des jeunes européens, en particulier en mathématiques, un signal fort et révélateur d’une inquiétude grandissante sur l’état de l’éducation en Europe.

La Boussole pour la compétitivité s’inscrit comme une première réponse aux préconisations du rapport Draghi publié l’été dernier, qui exhortait l’Europe à un sursaut économique face à la concurrence mondiale. Et ce n’est qu’un début ! Dans les prochaines semaines, la Commission présentera également les conclusions d’un autre rapport stratégique, cette fois consacré à la défense et la sécurité, rédigé par l’ancien Premier ministre finlandais Sauli Niinistö.

Devoir de mémoire ou devoir d’histoire ? Cette semaine, les chefs d’État européens se sont réunis à Auschwitz pour commémorer les 80 ans de la libération du camp d’extermination. Une cérémonie marquée par l’absence notable de plusieurs figures internationales, notamment Donald Trump, Vladimir Poutine et Benjamin Netanyahou (qui est sous mandat d’arrêt de la Cour Pénale Internationale). Et l’ombre du présent a largement plané sur cette commémoration. Entre un Donald Trump qui évoque désormais un « nettoyage » de la bande de Gaza et le Centre Simon-Skjodt pour la prévention des génocides qui multiplie les alertes sur la situation au Tchad, au Soudan et en Russie, la question de la mémoire ou du devoir d’histoire se pose avec une acuité toute particulière. À mesure que les derniers survivants des camps disparaissent, le devoir de transmission devient une responsabilité politique autant qu’historique. 

Du point de vue des Etats

Jamais 6 sans 7. Alexandre Loukachenko a été reconduit ce dimanche à la tête du Belarus, au terme d’un “simulacre d’élections” selon la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas. Avec 87,6% des voix, le Président a reconnu que le Belarus était une “démocratie brutale” durant une conférence de presse lunaire au cours de laquelle il a également rappelé 

qu’il ne comptait pas poursuivre tous ses opposants politiques, mais que ceux-ci restaient sous surveillance constante. De son côté, la cheffe de l’opposition Svetlana Tikhanovskaïa, en exil depuis 2020, a dénoncé “une farce”, et a indiqué s’inquiéter que le Belarus soit donné en cadeau à Poutine dans le cadre des négociations promues par Donald Trump afin de faire cesser l’invasion de l’Ukraine. 

De son côté, l’Irlande se dote enfin d’un Premier ministre en la personne de Micheál Martin, à la tête d’une coalition très fragile, car reposant sur le bon vouloir d’un petit groupe de parlementaires rassemblés sous la bannière des « régionaux indépendants », mais non affiliés à un parti politique existant.

Face à la montée des extrêmes, la rue répond ! Ces derniers jours, les mobilisations se sont intensifiées, que ce soit en Allemagne, où des milliers de citoyens ont manifesté et manifestent encore contre la menace que fait peser le parti d’extrême droite AfD sur le pays, ou en Slovaquie, où le Premier ministre Robert Fico, figure de l’extrême gauche populiste, suscite une contestation grandissante. On vous explique tout. 

En Allemagne, on peut dire que le salut (franchement inqualifiable) d’Elon Musk, ainsi que son intervention à un meeting de campagne de l’AfD appelant à ce que l’Allemagne soit moins critique de son passé, a fait l’effet d’un électrochoc. Ces derniers jours, des dizaines de milliers de manifestants se sont réunis dans quelques villes d’Allemagne afin de protester contre la montée de l’AfD et les ingérences auxquelles l’Allemagne doit faire face en amont de ses élections, prévues pour le 23 février. 

Si, à date, l’AfD n’apparaît pas comme favorite dans les sondages, la prudence s’impose. Les instituts de sondage peinent traditionnellement à mesurer le vote en faveur des candidats extrémistes. La dernière illustration en date reste la présidentielle organisée en 2024 en Roumanie, lors de laquelle le conspirationniste Călin Georgescu a créé la surprise en accédant au premier tour, alors même que les enquêtes d’opinion ne lui accordaient qu’une audience marginale. Comme Georgescu d’ailleurs, l’AfD s’appuie sur des réseaux sociaux pour contourner les médias traditionnels et mobiliser un électorat plus jeune. Après Facebook en 2016 et X en 2020, TikTok est déjà une caisse de résonance des discours populistes en Europe.

Pour le candidat Vert Robert Habeck, tout faire pour que l’AfD n’arrive en tête ne suffira pas, il faudra s’assurer de sa défaite effective. Il met en garde contre un scénario à l’autrichienne, où l’incapacité des partis modérés à former une coalition a ouvert la voie à des négociations entre les conservateurs et l’extrême droite. Son objectif ? Éviter que l’Allemagne ne bascule vers un modèle gouvernemental autoritaire, où les digues républicaines cèdent sous la pression populiste.

La bataille des opinions est cependant loin d’être gagnée : lors d’une des dernières sessions du Parlement avant les élections, le groupe conservateur CDU-CSU a voté une résolution, à rebours des principes de l’espace Schengen, avec les voix… de l’AfD. Une décision vivement critiquée par l’ancienne chancelière Angela Merkel, qui a dénoncé l’abandon du cordon sanitaire par son propre parti. 

Du côté slovaque, la gronde populaire se dirige contre Robert Fico, Premier ministre populiste et récemment de retour d’une visite diplomatique à Moscou, qui visait à “normaliser” les relations entre les deux pays. Ce week-end, ce sont environ 50 000 Slovaques, soit près d’1% de la population, descendus dans la rue, dans le cadre de ce mouvement de contestation sans précédent. 

Nouvelles des Voies

En réaction aux premiers jours de seconde administration Trump, et au climat de crise actuel, nous publiions ce lundi un éditorial en forme de lettre aux Français et aux Européens, que nous vous invitons à découvrir ici

Nous avons eu la chance d’interviewer Florence Rizzo, spécialiste de l’innovation éducative à l’occasion de la Journée internationale de l’éducation. Retrouvez ici nos échanges, pour découvrir sa vision d’une école qui ne se limite pas à transmettre des savoirs, mais qui forme des citoyens libres, éclairés et résilients !

Et enfin, vous pouvez nous écrire ou nous rejoindre : c’est juste ici, afin de participer, vous aussi, à la création d’un avenir résolument plus optimiste !

A propos

Les Voies est un mouvement progressiste citoyen fondé au printemps 2024 par Amandine Rogeon et Alexandra Laffitte. Dans un contexte politique de plus en plus incertain, Les Voies ambitionne d’insuffler un vent idéologique et programmatique nouveau grâce à une méthode innovante : la clause de la Nation la plus favorisée appliquée aux politiques publiques les plus progressistes adoptées par les Etats membres de l’Union européenne.


Les Voies

Les Voies

Les derniers articles publiés