Les Voies

Deux fois par mois, le Mouvement Les Voies revient sur les évènements qui ont fait l’actualité à travers le continent européen.

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7 juin · 4 mn à lire
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Les Voies #6

La période des élections européennes à proprement parler s’est ouverte cette semaine, et se poursuit jusqu’au 9 juin où les électeurs français seront appelés aux urnes. Explications, et appel au vote.

7 juin 2024

Nous vous en parlons depuis quelques mois, ces élections n’ont rien d’habituel. Entre guerre en Ukraine, conflit israélo-palestinien, montée de l’extrême droite, du populisme et du nationalisme à travers le monde occidental, ce renouvellement des institutions n’a rien d’anodin. A l’heure où nos lecteurs ont reçu les professions de foi des 38 listes déposées en France, également accessibles sur le site du Ministère de l’Intérieur, nous vous partageons nos réflexions sur l’importance d’aller voter dimanche, et nos clefs de compréhension quant aux conséquences du scrutin. 

Le vote européen : rappel des faits

Les élections des parlementaires européens se font au suffrage universel direct depuis 1979. Le Parlement, qui n’était à l’époque qu’un organe somme toute assez consultatif, se dote alors pour la première fois de son histoire d’une Présidente : Simone Veil. Ces premières élections font émerger un système bi-partite de coalition entre la droite du Parti populaire européen et les sociaux-démocrates du Parti socialiste européen, qui prendront l’habitude de gouverner ensemble, et se caractérisent par un fort taux de participation aux élections à 60% - un record qui n’a plus été atteint depuis. 

Au fur et à mesure des années, la participation s’érode, descendant autour des 40% au début des années 2010, et remontant progressivement jusqu’à un maigre 50,6% aux élections de 2019. Sur cette période, l’extrême droite consolide progressivement une position de plus en plus importante au Parlement, et le duopole droite/gauche s’ouvre progressivement à d’autres groupes tels que les centristes, ou les écologistes. Dans le même temps, le Parlement gagne progressivement en importance, devenant un co-législateur à part entière aux côtés des Etats-Membres réunis au sein du Conseil, et de la Commission européenne, même s’il ne dispose toujours pas du sacro-saint pouvoir d’initiative législative, monopole de la Commission, qui lui permettrait de proposer tel ou tel texte. 

Le Parlement européen et ses élections : quelles conséquences ?

Bien au-delà du rôle du Parlement dans la construction des textes européens, les élections marquent le début d’un grand temps fort pour l’Union dans son ensemble. En effet, la composition du Parlement influence directement la répartition des pouvoirs au sein de la Commission européenne, grande maîtresse du calendrier législatif et, dans une moindre mesure, du calendrier politique quadriennal. 

Armons nous d’un calendrier. La phase d’élections au sens propre, débutée le 6 juin, s’achève le 9 juin au soir avec la publication vers 20h15 - heure de Paris - de la première projection de la nouvelle composition du Parlement européen. Les résultats définitifs suivront rapidement, et dépendent de la publication par chaque Etat-Membre de ses propres résultats. 

Dès le 10 juin débutera le grand mercato des institutions, avec, d’une part, les premières réunions entre parlementaires afin de définir les groupes politiques, leur composition et leur présidence, et en parallèle des discussions plus ou moins formelles entre les chefs de file de ces différents groupes et les Etats-Membres afin de définir qui occupera la tête de la Commission européenne, du Conseil ainsi que du Parlement. Aussi, si la composition du Conseil est plus ou moins connue, dépendant des Chefs d’Etat de chaque Etat-Membres, celle du Parlement aura une influence directe sur le choix de la Présidence de chaque institution : on ne négocie pas de la même façon, et avec la même personne, si la droite ou les socialistes sont majoritaires. 

Cette première phase se concluera formellement durant la seconde quinzaine de juillet, avec l’élection de la Présidence du Parlement européen et la constitution des différents comités parlementaires. Après une pause estivale, l’élection de la Présidence de la Commission devrait avoir lieu à la mi-septembre. En parallèle, les discussions iront bon train quant à la nomination des Commissaires européens et leur portefeuille : est-ce qu’un Commissaire à la Défense Européenne sera nommé ? Qui des Etats-Membres récupèrera une Vice-Présidence, ou encore la très convoitée gestion du Marché Unique ? 

Quel que soit le résultat de ces tractations entre Etats, le Parlement aura, une fois de plus, le dernier mot. A l'automne, les Parlementaires auditionneront les candidats à la Commission, une mesure loin d’être symbolique, car les parlementaires avaient écarté trois candidats en 2019. Une fois cette séquence achevée, un vote aura lieu à priori à la mi-décembre afin d’approuver, dans son ensemble, le collège des Commissaires nouvellement formé. Le travail des institutions pourra ainsi débuter début 2025, avec la présentation d’un programme de travail qui définira dans les grandes lignes les priorités concrètes de la nouvelle mandature. 

De l’importance des élections 2024

On le sait, et on l’a vu, le Parlement est un acteur clef du fonctionnement de l’Union européenne : de la détermination de ses organes de direction, jusqu’à l’exercice du pouvoir législatif au quotidien. 

Alors que le Moyen-Orient s’embrase, que la guerre en Ukraine semble prendre un tournant favorable aux intérêts russes, que Donald Trump pourrait revenir à la Maison Blanche, sans oublier le grand retour de la crise à Taïwan, le futur Parlement européen pourrait dans le même temps confirmer son virage à l’extrême droite si l’on en croit les sondages avec près d’un quart, ou environ 180 députés sur 720 répartis entre les non-inscrits (extrêmes droites allemande et hongroise), le groupe Identité et Démocratie ainsi que chez les Conservateurs et Réformistes Européens. Cette tendance est accentuée en France, où pas moins de 39% des parlementaires élus seraient d’extrême droite selon ces mêmes sondages, portant des propositions telles que la “lutte contre l’activisme LGBT” (Marion Maréchal) ou la (re)mise en place des frontières nationales (Jordan Bardella). 

Si la majorité devrait, comme lors des dernières élections, être composée d’une coalition informelle entre la droite, la gauche, les centristes et les écologistes, elle serait alors affaiblie dans sa capacité de fonctionner par des mouvements populistes au sein du Parlement disposant de plus de temps de parole, et de plus de ressources.  Pourtant, le travail ne manque pas : afin de résister aux pressions géopolitiques globales, mais également gérer les questions brûlantes d’inflation, de crise énergétiques ou encore de celle du pouvoir d’achat, l’Union s’apprête à repenser sa manière de fonctionner, notamment sur le plan économique, afin de devenir plus résiliente et compétitive sur le plan international. 

Voter est un droit précieux, devoir moral pour certains, et même devoir tout court dans certains pays comme la Belgique. Il représente avant tout une opportunité fondamentale : celle d’influer, directement, sur notre avenir non seulement à court, mais également à très long terme. 

Rendez-vous au bureau de vote

Un seul jour, un seul tour : créé par la liste de la majorité présidentielle et repris par les autres partis, jusqu’au Rassemblement National, ce slogan aura marqué l’ensemble de la campagne de manière informelle. Dimanche 9 juin, les personnes inscrites sur les listes électorales pourront, directement ou via une procuration, influencer le futur de l’Union européenne. 

Pour les hésitants, nous rappelons que les professions de foi de chaque liste sont publiques et vous encourageons également à découvrir le programme des groupes politiques siégeant au Parlement européen. Ces derniers sont le résultat de tractations entre l’ensemble des partis nationaux, et permettent de donner une image plus exacte des actions et ambitions concrètes des groupes pour les prochaines années.  

 Le mouvement Les Voies appelle de ses vœux à la réalisation d’une Europe toujours plus progressiste, élevant les droits de tous les citoyens. Alors, aux urnes ! 


Nos dernières publications

Grande nouvelle, nous avons lancé notre site internet ! Accessible à l’adresse https://lesvoies.fr/, vous pouvez y retrouver toutes nos publications passées et futures. 

Nous avons également interviewé notre Présidente, Amandine Rogeon, sur les grandes tendances de ces élections et publié notre dernier épisode (pour l’instant !) des Questions aux Politiques dédié à Manon Aubry. 

A propos

Les Voies est un mouvement progressiste citoyen fondé au printemps 2024 par Amandine Rogeon et Alexandra Laffitte. A l’approche des élections européennes de 2024 et en anticipation des élections présidentielles de 2027, Les Voies ambitionne d’insuffler un vent idéologique et programmatique nouveau grâce à une méthode innovante : la clause de la Nation la plus favorisée appliquée aux politiques publiques les plus progressistes adoptées par les Etats membres de l’Union européenne.